Une histoire d’auberge Espagnole

SILENCE

Quand on est étudiant, le choix de partir à l’étranger pour la première fois est une étape importante de notre vie. On ne parle maintenant plus d’un simple déménagement dans une nouvelle ville hors de notre région. Non, c’est un changement plus radical de notre quotidien qui se profile.

En effet la barrière est haute. Il y a celle de la langue tout d’abord: comment s’installer dans un nouveau pays en ne pouvant y communiquer, ne serait-ce que pour demander son chemin, commander un café dans le restaurant du coin… Comment suivre des cours dont les explications des professeurs ne sont qu’une suite de sons et les théories écrites, de simples symboles que l’on ne peut déchiffrer sans un copier-coller dans Google Traduction.

Viens ensuite le plus difficile: la distance, et le détachement familial, des amis, et pour finir le changement de culture auquel il va falloir faire face. On ne cesse de se poser des questions: où, quand, comment, pourquoi? Les interrogations ne manquent pas et du temps est nécessaire pour se préparer à faire le grand saut.

Pourtant depuis quelques années maintenant les opportunités se multiplient. Les moyens de communication ont évolué, et étudier à l’étranger est devenu financièrement plus accessible, même pour les plus petits budgets comme le mien. Bien sûr je ne parle pas des grandes capitales européennes: Londres, Paris, Berlin etc. Ni des destinations telles que les États-Unis et ses mégapoles comme New-York, LA, ou San Francisco qui sont pas à la portée de tous, voir parfois impossibles à atteindre pour des étudiants sans revenus, et aux faibles aides financières.

Heureusement nous avons Erasmus. Créée en 1987, cette association européenne propose des programmes d’ échange d’étudiants et enseignants entre les universités et les grandes écoles de l’UE. Il offre surtout des aides financières importantes qui permettent chaque année de réaliser des centaines de milliers de rêves et projets d’étude dans un pays étranger.

MOTEUR

Mon rêve a moi? C’était d’ apprendre l’anglais.

Pourquoi Almeria alors ? Et bien pour les raisons suivantes: Le choix de l’Angleterre? Trop classique. Vivre en Irlande? Trop de demandes. L’Espagne? Oui mais je veux apprendre l’Anglais pas l’Espagnol. Les pays de l’Est alors? Les universités proposent des cours en anglais, ça me parait parfait.20412377513_81c44fb4b1_o

Oui mais voilà, il faut respecter les quotas, et il n’y aura que le choix de l’Espagne de disponible pour moi. Et Almeria dans tout ça? C’est tout au sud, en Andalousie, au bord de la mer et apparemment il y fait chaud toute l’année. Bref par défaut je voulais une expérience et un environnement qui sorte de « l’ordinaire », et Almeria me paraissait la destination la plus originale parmi une sélection de villes qui m’était proposée .

ACTION

A quoi faut-il s’attendre en partant étudier à Almeria? Si ma réponse avait été vraiment sincère, je vous aurez répondu: « allez-y et vous verrez par vous même »….


« Almería  a été pour m20150626_163928oi le commencement. C’est au cours de cette année que j’ai ouvert les yeux sur ce qui m’entoure, que j’ai noué des liens avec des personnes des 4 coins de l’Europe et d’ailleurs. C’est une expérience humaine et culturelle à vivre au moins une fois. Le problème ? C’est qu’on y prend goût » Léa, Erasmus Almeria 2014-2015


J’ai rencontré un grand nombre de personnes durant mes deux ans à Almeria. Étudiants ou jeunes professionnels en stage, vivant tous ici pour une courte durée, le temps d’un semestre, parfois deux. Français, Allemands, Italiens, Américains, Mexicains ou autres, d’ Asie, d’Afrique et même d’Australie. Tous sur le même bateau et tous vivant la même aventure, en dehors de leurs frontières, loin de leurs amis, parfois de leur petit(e) copain(e) et/ou de leur famille.

Almeria c’est en fait un peu l’histoire de l’Auberge Espagnole.

Cependant TOUS vous réciteront leurs histoires d’une manière différente et chacun aura vécu sa propre expérience. Certains vous raconteront que l’Université était en bord de mer, avec vue sur les plus beaux levés de soleil; d’autres,  qu’ils ne sont jamais allés à la bibliothèque car leur endroit préféré pour étudier était le Café Paris en face de la mer Méditerranée, ou  sur leur serviette, allongés sur le sable chaud en plein mois de décembre… et d’autres vous parleront de leurs voyages en Espagne presque à la façon d’un écrivain pour le Guide du Routard, ou bien de comment leur vie dans cette petite ville d’Andalousie aura changer leur quotidien en quelques mois.

Une chose est sûre, quand on parle d’étudier à Almeria il faut s’attendre à sortir de sa zone de confort et oublier sa routine de tous les jours… Il faut être préparé à faire des rencontres, souvent à la plage, à parler quotidiennement en espagnol, anglais, français (parfois les trois en même temps) , à ne pas comprendre un mot de l’accent d’Andalousie mais à maitriser les bases de l’ « Almeriense » après une paire de semaines.

Aucun décalage horaire, pourtant le rythme imposé par les Espagnols vous fera radicalement changer votre horloge biologique. Dîner à 22h, déjeuner entre 14 et 15  avec une bonne « siesta » traditionnelle de 2h après manger, le temps de faire passer vos deux ou trois Tapas au restaurant  Tio Tom (célèbre pour la taille de ses plats) accompagnés d’un « Tinto de Verano » ou d’une bière bien fraîche du pays . Et le prix? Dérisoire, absurde, insignifiant,  parfois ridicule. Si vous êtes déjà familier avec l’Espagne, Je vous laisserais choisir celui que vous convient le mieux. 2,5€ pour un tapas toujours accompagné  d’une boisson, ou 2,5€ la boisson toujours accompagnée d’un tapas. Là encore c’est à l’appréciation de chacun. Multipliez le tout par deux si vous avez vraiment faim (ou soif) et vous pouvez être « calé » jusqu’au prochain repas  pour 5 euros, qualité inclue.


wpid-g1178826.jpeg« El sol para todos », en effet, Almeria a mis de la couleur dans ma vie, tant dans mes amis que dans mes assiettes et j’ai pu y vivre le chapitre le plus brillant de mon parcours.

Pierre, Erasmus Almeria 2014-2015


COUPÉ ?

Dés l’instant tu décides de partir à l’étranger, ta vie se transforme en un puissant mélange d’émotions .

Apprendre, improviser, et faire face aux imprévus. Tous tes sens sont en parfaite  action, et après un certains temps  le mot «routine» viendra disparaître ton vocabulaire, pour faire place à une croissante et inarrêtable montée d’adrénaline et sensations fortes. De nouveaux endroits, de nouvelles habitudes, de nouveaux défis, de nouvelles rencontres. Commencer une nouvelle vie devrait t’effrayer, mais c’est étonnement qu’elle en devient presque une addiction  …

Mais le plus difficile dans le fait d’étudier à Almeria n’est pas l’emménagement, ni choc culturel,  et encore moins les examens de fin de semestre (même s’il faut quand même « faire le job » pour les réussir). Le plus difficile ce n’est pas non plus la distance, ni l’argent, ni la langue.

Le plus difficile ? c’est de se séparer de l’Andalousie, de la vie à Almeria. La mer, le climat, les bars-tapas sur le Paseo Maritimo, le parc naturel de Cabo de Gata et ses plages paradisiaques, la vue se son grand appartement à 180e/mois sur les couchés de soleil…et j’en passe.

Mais tout ça est éternel. Dans 50 ans la plage sera toujours la plage, le soleil se couchera à jamais derrière le phare du port de la ville. Je suis même sûr que dans quelques années nous pourront prendre l’avion de France avec une ligne directe jusqu’à l’aéroport  sans passer par Barcelone, Madrid ou Malaga et venir à Almeria régulièrement pour les weekend, ou profiter de la plage juste pour une journée et rentrer le soir chez soi en France.

Cependant notre vie d’ Erasmus, elle, ne sera plus jamais la même.

Nous ne prendrons plus le bus tous les matins pour rejoindre le campus en bord de Méditerranée. Finis les voyages avec parfois plus de 100 de ses meilleurs amis Erasmus autour de l’ Espagne, au Portugal. Terminées, les soirées sans limites et sans fin à la Clasica, notre petit pub Erasmus en centre ville et les match de Beach Volley-ball au réveil sur la plage le lendemain après-midi. La ville sera toujours là pour nous accueillir, mais tout ne sera jamais plus comme avant…


« Mon retour en Franctumblr_n5kgggr6e71so7uupo4_1280e, un réel changement avec ce qu’on a vécu en Erasmus, dans le sens ou Almeria était devenue notre nouvelle maison, et ce,  moins d’une semaine après notre  arrivée… ! »        Rose Erasmus Almeria 2013-2014


Les au revoir. Tous ensemble, assis sur les murets du Paseo Maritimo le long de la plage, comme une famille. Le moment le plus dur de cette fantastique expérience; plus dur que de ne pas avoir été accepté au job de ses rêves, plus dur que de courir un marathon, et personnellement même plus dur que de se faire plaquer par sa petite amie en plein milieu d’un désert en Arizona 6 mois plus tard. On ne devrait jamais avoir à dire au revoir, mais paradoxalement c’est pourtant à cet instant, une fois terminé,  que la magie s’opère, une énième fois …

Avec la certitude ou non de tous se revoir un jour, rentrer  dans son pays offre  alors à chacun d’entre nous une nouvelle opportunité. Celle de tous pouvoir repartir à l’aventure, et rendre visite aux personnes rencontrées tout au long de l’année. Avec plus de 30 nationalités représentées dans notre grande famille Erasmus d’Almeria, voyager le monde nous tend maintenant les mains…

 Boris.


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ERASMUS Almeria 2013-2014,  Devenu étudiant en Master quelques mois plus tard, toujours à Almeria .  Coordinateur avec l'association ESN Erasmus Student Network et actuellement en stage à Dallas aux États-Unis.

Une réflexion sur « Une histoire d’auberge Espagnole »

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